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24.11.05

AFP : Un haut responsable de Ioukos demande l'asile en Lettonie

Mikhaïl Elfimov, un ancien haut responsable du géant pétrolier russe Ioukos, a demandé l'asile en Lettonie, a annoncé jeudi le ministère letton de l'Intérieur.

"Une demande d'asile de la part de Elfimov a été reçue" par le ministère de l'Intérieur, a déclaré à l'AFP Krists Leiskalns, le porte-parole du ministère, sans fournir d'autres détails.

Mikhaïl Elfimov était l'ancien président de la division "aval" de la société Ioukos. Sous le coup d'un mandat d'arrêt depuis le 23 février dernier, il fait partie de la quinzaine de personnes recherchées par les autorités russes dans l'affaire Ioukos, selon les défenseurs de l'ancien patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski.

Ce dernier a été condamné en Russie à huit ans de réclusion pour "escroquerie et évasion fiscale à grande échelle" au terme d'une affaire dénoncée par l'opposition comme orchestrée par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un éventuel adversaire du président Vladimir Poutine.

Dix-neuf personnes ont demandé l'asile en Lettonie en 2005, dont trois Russes, selon les chiffres de l'Office letton de la Citoyenneté et de la Migration.

Annexée par l'Union soviétique à la fin de la Seconde guerre mondiale, la Lettonie a retrouvé son indépendance en 1991.

AFP via Cyberpress, le 24.11.2005
22.11.05

RIA Novosti : Les avocats de Mikhaïl Khodorkovski dénoncent des atteintes à leurs droits

MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. Les avocats de l'ex-patron de Yukos, Mikhaïl Khodorkovski, condamné à 8 ans de prison pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle, ont accusé mardi l'administration de la prison de violations répétées de leurs droits, reproches formellement démentis par les autorités pénitentiaires russes.

Quatre avocats - Albert Mkrtytchev, Denis Diatlev, Elena Levina et Irina Khrounova - qui s'étaient rendus la semaine dernière dans la prison de Krasnokamensk, en Sibérie orientale, pour visiter leur client ont affirmé que l'administration de la prison les aurait autorisés à passer voir le détenu un par un, alors que la loi n'interdit pas au prisonnier de s'entretenir avec un groupe d'avocats. "Mikhaïl Khodorkovski s'est vu léser dans son droit de s'entretenir avec ses défenseurs pour élaborer une stratégie d'action commune", selon un communiqué diffusé par le centre de presse de l'entrepreneur.

Avant et après les rencontres avec le détenu, dont la durée globale a été de cinq heures, chacun des avocats aurait été soumis à une visite corporelle. Certains auraient dû ôter leurs pardessus, leurs ceintures et leurs chaussures, d'autres auraient été forcés d'enlever partiellement leurs sous-vêtements, et cela en absence de témoins et sans procès-verbal.

À l'entrée et la sortie de la prison, des employés de l'administration pénitentiaire auraient essayé à plusieurs reprises de fouiller les dossiers des avocats relevant de leur secret professionnel, alors que Me Mkrtytchev s'est vu même saisir ses papiers personnels, selon le communiqué.

Le directeur du Service fédéral de l'application des peines, Iouri Kalinine, a formellement démenti mardi que l'administration de la prison ait empêché le travail des avocats.

"Les conditions de détention de M. Khodorkovski ne diffèrent en rien de celles des autres détenus. Tous ses droits sont respectés", a-t-il déclaré dans une interview à RIA Novosti.

RIA Novosti, 22.11.2005
17.11.05

Libération : Des intellectuels russes critiquent la «loyauté» de l'Occident envers Moscou.

Le site du centre de presse de l'ex-PDG du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski publie en ligne une lettre d'intellectuels russes qui dénonce
la «loyauté» de l'Occident envers Moscou et appelle ses leaders à revoir leur politique.

«L'attitude loyale des pays de l'Union européenne face au régime répressif qui s'est installé en Russie - avec le pouvoir absolu des services secrets, la soumission du système judiciaire au pouvoir exécutif et personnellement à Vladimir Poutine, une répression de l'opposition - permet le retour en Europe de nouveaux dictateurs», mettent en garde les signataires de cette «Lettre aux chefs d'Etat étrangers». Elle est personnellement adressée aux présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac, à la chancelière allemande Angela Merkel, aux Premiers ministres britannique Tony Blair et italien Silvio Berlusconi.

Parmi les signataires, l'écrivain Lioudmila Oulitskaïa, le défenseur des droits de l'homme Sergueï Kovalev, l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov, Vitali Guinzbourg, Prix Nobel de physique en 2003, ou Lioudmila Alexeeva aujourd'hui à la tête des organisations non gouvernementales Memorial et Groupe Helsinki de Moscou. «Nous sommes convaincus que la condamnation de Soutiaguine, Danilov, Trepachkine, Mourtazalieva, Khodorkovski et Lebedev sont motivées politiquement et sont des actions destinées à effrayer la société», écrivent-ils.

Mikhaïl Khodorkovski, condamné à huit ans de prison pour fraude fiscale comme son associé Platon Lebedev. Les chercheurs Igor Soutiaguine et Valentin Danilov purgent des peines de 13 et 15 ans dans des affaires d'espionnage censées, selon les ONG, effrayer les chercheurs russes soucieux de coopérer avec l'étranger. Mikhaïl Trepachkine, consultant juridique des victimes de la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka en octobre 2002 à Moscou, a été condamné à quatre ans de prison pour divulgation de secret d'Etat. Et la Tchétchène Zara Mourtazalieva a été condamnée à neuf ans de prison pour « tentative d'attentat » dans un procès décrié par les ONG comme ayant été fabriqué.

A lire en russe

Libération, le 17.11.2005
16.11.05

Libération : Au bagne de Sibérie

Khodorkovski, l'ancien roi du pétrole russe, opposant gênant pour Poutine, est emprisonné à 5 000 kilomètres de Moscou.

par Lorraine MILLOT, envoyée spéciale, Krasnokamensk (Russie)

Le lever est déclaré», «Huitième division, au petit déjeuner», «Huitième division, à l'appel»... Depuis mi-octobre, Mikhaïl Borissovitch Khodorkovski, ancien homme le plus riche de Russie, vit dans une baraque-dortoir au rythme de ces appels, tellement sonores qu'on les entend jusqu'aux abords de la prison de Krasnokamensk. L'ancien roi du pétrole russe, qui avait osé défier Poutine et financer des partis d'opposition, a été envoyé à 5 000 kilomètres à l'est de Moscou, comme jadis les décabristes (1) puis les dissidents soviétiques étaient expédiés pour purger leur peine quelque part dans l'immense Sibérie. Pour un oeil occidental, cette colonie dénommée «Iag 14/10», dissimulée derrière des palissades cloutées de traviole, a l'air vraiment d'une fin du monde. Elle est située à la sortie d'une petite ville nouvelle de 68 000 habitants, posée dans la steppe depuis 1968 pour exploiter une mine d'uranium. En ce début novembre, il fait - 10° C au soleil, et d'ici à quelques semaines, il fera sans doute - 40° C. Des journalistes du magazine Russki Newsweek, qui se sont promenés aux abords de la prison avec un dosimètre, y ont relevé un taux de radioactivité montant jusqu'à 52 microroentgens par heure, quand le niveau maximum autorisé pour les zones habitables en Russie est de 25. Mikhaïl Khodorkovski doit purger ici une peine de huit ans de détention, officiellement pour fraude fiscale.

Les prisonniers «castés»

Pour les quelque 1 000 détenus, habitués au pire, cette «zone» de Krasnokamensk a pourtant la réputation d'une prison «plutôt correcte». «Les dortoirs sont bien chauffés, la nourriture est mangeable, il y a un club où l'on passe des films le samedi et une bania (le sauna russe, ndlr) où l'on va une fois par semaine, raconte un ancien détenu. Il y a aussi des vaches, des cochons, un cheval... On y cultive des choux, des pommes de terre, des betteraves», poursuit le même, qui, en son temps, s'était même délimité un petit potager pour faire pousser ses propres légumes. «Les gardiens ne sont pas trop mauvais, poursuit l'ancien détenu. Ils ne frappent qu'en cellule d'isolement, quand on est puni.» Comme dans toutes les prisons russes, le sort du détenu varie toutefois selon sa position dans la hiérarchie informelle de la «zone» : au sommet règne un kremlin, petit groupe de détenus qui commande les autres, répartit les colis reçus de l'extérieur et s'entend avec l'administration pour maintenir l'ordre. Viennent ensuite les blatniye, bandits assez influents pour se payer quelques extra, puis les moujiks, les hommes restés dignes même en prison, et, enfin, tout en bas, les opouchtchenniye (humiliés), qui servent d'esclaves à toute la colonie, font le ménage et satisfont les besoins sexuels des autres.


Dans cette hiérarchie, Mikhaïl Khodorkovski devrait sans trop de peine être reconnu comme «moujik», assure un ancien détenu. «Borissytch a été bien accueilli», confirme Dima (2), un autre ancien, qui ne désigne plus le nouveau détenu que par son patronyme. Devant nous, Dima prend son téléphone et fait la démonstration de ses bons contacts à l'intérieur de la prison : «Allo Sacha (2) ? Quelles nouvelles de notre Borissytch ?» Derrière les murs de la prison, son ami Sacha, condamné à plus de dix ans pour meurtre, décroche un téléphone portable qui lui a été passé en douce et répond : «Tout va bien, Borissytch est à l'atelier de couture. Il coud des moufles.» A l'intérieur de la prison, Dima a aussi fait passer un appareil photo, qui a permis de prendre les premiers clichés de Khodorkovski en tunique bleue de prisonnier.

Dès son transfert à Krasnokamensk, Mikhaïl Borissovitch Khodorkovski a été affecté à l'atelier de couture de la prison et se retrouve ainsi parmi les rares «privilégiés» de cette colonie à avoir un travail, payé une centaine de roubles par mois. «Il ne sait pas coudre, mais il a accepté», confirme son avocate locale, Natalia Terekhova, rousse très cassante, mais qui a la réputation d'être l'avouée la plus efficace de la petite ville. Khodorkovski, qui ne cache pas son ambition de devenir un jour président de la Russie, avait pourtant annoncé son intention de profiter de son séjour à Krasnokamensk pour écrire une thèse sur le fédéralisme russe. «Mais Poutine veut l'humilier en lui faisant coudre des moufles, interprète un ancien détenu. Et sans doute les dirigeants de la prison ont l'espoir qu'il finance de nouveaux équipements pour l'atelier s'il travaille là-bas.» Khodorkovski pourra se consacrer à ses études le soir et les week-ends, explique son avocate. Elle insiste : «Il est un détenu comme les autres, soumis au même régime que les autres», lever à 6 heures, couture de 9 à 17 heures, extinction des feux à 23 heures.

«S'il voulait...»

De fait, s'étonnent un peu ses codétenus, l'ancien patron de Ioukos semble s'efforcer de jouer les prisonniers ordinaires. «Il dort avec une soixantaine d'autres détenus. Il prend ses repas à la cantine, avec les autres, rapporte un ancien détenu. Alors que s'il voulait, il pourrait très bien déjeuner à part, comme le font les prisonniers les plus riches qui ne veulent pas manger dans les mêmes gamelles que les humiliés. Dans cette prison, il y a déjà eu des nouveaux riches qui se payaient le privilège de dormir à part, dans des chambres séparées.» En prison, tout s'achète, confirme un gardien : pour quelques centaines de roubles glissés aux matons, les détenus peuvent se procurer des bouteilles de vodka (100 roubles, soit 3 euros), un téléphone ou même la visite d'une prostituée. A ce jour, le principal luxe, légal, que s'octroie Khodorkovski est la visite quotidienne de son avocate, qui s'assure qu'il va bien et transmet les textes qu'il écrit contre les «parasites» au pouvoir.

«Khodorkovski est intelligent, il devrait savoir s'entendre avec l'administration de la prison pour se faire des conditions de survie acceptables», estime Natalia Folomouchkina, qui connaît bien cette prison pour y avoir travaillé de 1991 à 2001 comme chef de l'atelier de couture. Licenciée en 2001, elle accuse le directeur de la prison d'avoir voulu la forcer à signer sa démission et de l'avoir frappée, au point de lui causer une commotion cérébrale. Depuis, elle se bat contre ce directeur, mais la justice locale n'a jamais voulu enquêter sur son cas, malgré ses attestations d'hôpital.

«Je n'ai pu lui parler que vingt minutes, mais ça m'a suffi pour voir à quel point c'est un homme bon et fort», raconte le père Sergueï Taratoukhine, prêtre orthodoxe de la ville de Krasnokamensk, qui, tous les vendredis, vient prier avec les prisonniers qui le souhaitent. Ancien détenu lui-même, reclus de 1974 à 1978 pour avoir voulu fonder une organisation anticommuniste, Sergueï s'est pris de sympathie pour l'oligarque emprisonné, et l'a dit haut et fort. «Tant qu'il y a ici un prisonnier politique, je ne bénirai plus les bâtiments de la prison», a-t-il même lancé à la tête des fonctionnaires locaux. Pour cette audace, le père Sergueï a été convoqué par son évêque à Tchita, la capitale régionale, à neuf heures de route. «L'évêque m'a dit que je serai puni. Mais que la décision sera prise à Moscou», rapporte le père Sergueï, dans sa toute nouvelle église à sept bulbes dorés achevée cet été. Pour un mot en faveur de Khodorkovski, le père Sergueï risque, à 49 ans, de devoir abandonner cette belle église et peut-être même son sacerdoce. «A Krasnokamensk, personne ne me soutiendra. Depuis les répressions staliniennes, les Russes ont en eux le gène de la peur, dit-il, sans regret. Je pense que Dieu a voulu me tester. Il m'a envoyé Khodorkovski pour voir : allais-je me taire ou allais-je dénoncer son emprisonnement ? L'essentiel pour moi, c'est que je ne me suis pas tu. Ma conscience est propre.»

Prêt à tout perdre pour un mot en faveur de Khodorkovski, le père Sergueï est une sorte d'ovni dans cette petite ville de Krasnokamensk, qui vit plutôt dans la nostalgie de l'époque soviétique. «Pour notre ville, l'arrivée de Khodorkovski n'est pas un événement. C'est beaucoup moins important que lorsque Kobzon (chanteur populaire russe, ndlr) est venu chanter ici», observe la porte-parole de la mairie, montrant le journal local, intitulé «Gloire au travail», qui n'y a consacré qu'un article... pour dénoncer les «mètres carrés» consacrés à Khodorkovski par les médias et les «mensonges» des journalistes débarqués de Moscou. «Celui qui ne paie pas ses impôts trompe non seulement l'Etat, mais tous ses concitoyens», assène le maire de Krasnokamensk, Guerman Kolov, ancien communiste reconverti en «indépendant», signifiant par là que l'emprisonnement de Khodorkovski pour fraude fiscale lui semble justifié. «Grâce aux impôts que nous verse le combinat d'uranium, il y a l'eau chaude toute l'année à Krasnokamensk. Dans nos crèches, nous avons des piscines et même des serres où les enfants font pousser des mandarines, des citrons et des ananas.» Et les radiations qui émanent de la mine d'uranium, sont-elles mesurées quelque part ? «L'indicateur qui était sur la mairie s'est cassé l'an dernier. Il est en réparation, répond le maire. Mais le niveau habituel en ville est de 13 ou 14 microroentgens, bien moins que ce qui est autorisé. Il n'y a aucun danger pour la population.»

«Avec Staline, c'était plus simple»

Natacha N. (2), employée de la mine d'uranium, où elle travaille sans dosimètre, constate pourtant un nombre impressionnant de cancers parmi ses connaissances. «Le pire, c'est quand les gens quittent Krasnokamensk pour s'installer ailleurs, raconte-t-elle. Généralement, ils ne vivent pas plus de deux ou trois ans après leur départ.» Comme beaucoup ici, Natacha est convaincue qu'il ne faut pas partir, bien que rien n'étaye cette thèse : «Visiblement, l'organisme s'habitue ici à un niveau de radiations élevé et les gens tombent malades quand ils partent.» A l'hôpital, le cancérologue de garde assure que le nombre de cancers à Krasnokamensk est «normal», conforme à la moyenne russe.

Dans les rues glacées de Krasnokamensk, où les habitants se hâtent vers leurs HLM, rares sont ceux qui s'apitoient sur le sort du milliardaire emprisonné : «Du temps de Staline, on fusillait pour 100 000 roubles détournés, c'était plus simple», lance un grand-père souriant. «Ce n'est pas que Khodorkovski qu'il faut emprisonner, mais tous les autres aussi qui ont pillé la Russie ces dernières années », renchérit un autre. Preuve que dans ce cul-de-sac de la Russie, on peut aussi entendre quelques voix divergentes, comme ce jeune ingénieur : «Il a voulu se battre contre la corruption, c'est pour ça qu'on l'a arrêté. Khodorkovski, moi, je l'admire.»

(1) Officiers et aristocrates libéraux déportés en Sibérie pour avoir tenté un soulèvement contre le tsar, en décembre 1825.

(2) Les prénoms ont été modifiés pour protéger ces témoins.

Libération, 16.11.2005
14.11.05

Edicom : Violente charge de Khodorkovski contre Poutine

MOSCOU - Le fondateur de la compagnie pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, qui purge une peine de huit ans de prison, a accusé vendredi le président russe Vladimir Poutine de diriger un système «parasite». Pour lui, il est incapable de moderniser la Russie.
Dans une tribune écrite de sa prison sibérienne et publiée par le quotidien «Kommersant», l'ancien oligarque estime qu'il est temps d'en finir avec un système politique fondé sur l'obéissance aveugle.
«Le Kremlin choisit ses serviteurs selon le seul critère de la loyauté et de la docilité à 100%. Mais une personne compétente ne peut être docile à 100%, ça, c'est le sort réservé à ceux qui sont dénués de talent et seulement motivés par l'argent», écrit-il.
«Cette approche parasitaire ne fonctionne plus. Notre pays n'est pas capable d'être compétitif et la marge de sécurité issue de l'Union soviétique ne suffit plus», estime-t-il.
Pour sortir de cette crise, Khodorkovski prône un changement institutionnel avec l'établissement d'un système fédéral présidentiel et parlementaire rééquilibrant les pouvoirs entre le Kremlin et les régions.
Il présente un programme de modernisation d'ici 2020. Il suggère de «légitimer les privatisations» controversées des années 1990 pour «les rendre justes» aux yeux du peuple par un impôt spécial payé en une seule fois par les entreprises privatisées à hauteur de leur chiffre d'affaires enregistré l'année de la privatisation.
«On ne peut pas dire que les privatisations des années 90 ont été économiquement inefficaces Mais elles ont été inefficaces politiquement et socialement parce que 90% du peuple russe les juge injustes», explique M. Khodorkovski qui calcule que la procédure de légitimation devrait rapporter entre 30 et 35 milliards de dollars.

Edicom, 12.11.2005
1.11.05

Le Figaro : Le prisonnier de Sibérie qui défie Moscou

Même exilé dans un centre de détention de Sibérie, Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien patron du groupe pétrolier Youkos, reste un embarras pour le pouvoir.

Krasnokamensk, 71 000 habitants, au fin fond de la Sibérie, est en révolution. Les trois hôtels de la cité ne désemplissent pas depuis que Mikhaïl Khodorkovski est détenu dans la colonie pénitentiaire IK 10, à la périphérie de la petite ville. Les avocats, la famille de l’ancien PDG du groupe pétrolier Youkos, sont arrivés de Moscou chargés de sacs et de valises. Photographes et cameramen étaient sur leurs talons, bien que toute prise de vue soit interdite. Les autorités locales sont débordées. Le milieu est sollicité pour savoir si le centre de détention de Krasnokamensk est « rouge », c’est-à-dire contrôlé par l’administration pénitentiaire, ou bien « noir », ce qui signifie que les détenus y font la loi. Selon un caïd, la colonie IK 10 serait « rouge » avec des « poches noires ». Quant à Mikhaïl Khodorkovski, il aurait été favorablement accueilli car « être oligarque n’est pas une tare ».

Sur le site Internet de l’ancien patron du plus gros empire pétrolier de Russie, tous les jours, on peut suivre les aventures de celui qui se présente comme un nouveau « David » face au Goliath du pouvoir. Condamné à huit ans de détention pour fraude fiscale à grande échelle, au terme d’un procès entaché de nombreuses violations, le milliardaire russe, qui avait financé l’opposition libérale au Kremlin, a été envoyé dans la région de Tchita, à 7 000 km de Moscou, à proximité d’une mine d’uranium connue pour la dangerosité de ses émissions radioactives... « Il aurait pu céder, partir en exil en Occident, mais il a préféré rester, pensant pouvoir se défendre », a expliqué son principal avocat, Iouri Schmidt, venu à Paris cette semaine pour le lancement d’un comité de soutien. « Poutine veut le faire payer pour sa résistance », affirme le juriste qui ne comprend pas pourquoi « l’Occident se tait ». « Ce pouvoir n’arrête pas de mentir, comme à l’époque où je défendais des dissidents soviétiques », martèle l’avocat, dont le père a fait lui-même vingt-sept ans de camp sous Staline.

A Krasnokamensk, l’épouse de Mikhaïl Khodorkovski a reçu l’autorisation de passer trois jours avec son mari. Elle a apporté deux poêles, des pommes de terre, des carottes, des oignons, du chou, des salades et de l’huile de tournesol. Conformément au règlement en vigueur à IK 10, Inna Khodorkovskaïa pourra bénéficier de trois autres séjours dans la colonie. Neuf chambres, dans un pavillon spécial, sont réservées à ces visites matrimoniales. Les proches ont également droit à six parloirs annuels d’une durée de quatre heures. Le reste du temps, Khodorkovski partage sa cellule avec 160 prisonniers. « Je n’ai pas peur que d’éventuels droit commun mettent sa vie en danger, car il est psychologiquement si fort et si sociable qu’il arrive à trouver langage commun avec tous ceux qu’il fréquente, commente son avocat, Iouri Schmidt. Il ne lui arrivera rien, sauf si ordre est donné par les autorités à certains prisonniers de l’agresser. »

Surnommé « l’Intelligent »

Pour lui, le choix de cette prison sibérienne est délibéré. « Il nous faudra désormais sept heures de vol depuis Moscou pour rejoindre l’aéroport le plus proche de sa prison. Après, il y a encore 600 km à parcourir sur des routes non carrossables. » La famille de l’ancien oligarque songerait à acheter un appartement à Krasnokamensk. Mais la radioactivité dans la région rend une installation très difficile. Les Khodorkovski ont trois enfants, dont des jumeaux de 7 ans.

Malgré les difficultés, « Micha » semble garder un moral d’acier. Il a demandé une montre électronique avec plusieurs réveils, parce qu’il aime minuter ses journées. Il aurait décidé de préparer une thèse de doctorat. Il va peut-être enseigner l’histoire et les mathématiques dans l’école du pénitencier. Le millier de détenus, dont l’âge moyen est de 24 ans, l’ont surnommé « l’Intelligent ». Il est le seul d’entre eux à avoir reçu une éducation supérieure. L’oligarque déchu a également exprimé le désir de rencontrer le prêtre de Krasnokamensk, le père Sergueï Taratoukhine. Ce dernier avait été condamné à quatre ans de goulag dans les années 70 pour anticommunisme.

Jeudi, Khodorkovski a diffusé sur son site sa première adresse de Sibérie. Il y explique que le pouvoir a essayé de l’isoler « complètement du pays et du peuple, et de le détruire physiquement ». Mais, poursuit-il, « le combat ne fait que commencer ». A ceux qui le soutiennent, l’ancien millionnaire, qui se veut maintenant dissident, annonce que le « temps de la grisaille s’achève » au profit de celui des « héros ». « Le pays a besoin d’individus honnêtes et courageux pour s’occuper du destin de la société et de l’Etat, au lieu de s’enrichir, dit Khodorkovski. Ce sont eux qui sauveront la Russie de l’emprise des bureaucrates. » A Moscou, on affirme que le Kremlin goûte médiocrement l’insolence du détenu le plus célèbre du pays.

Pourquoi l'Observatoire?


L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.



M. Khodorkovsky durant son procès


Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine. La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections.
Parallèlement, la compagnie YUKOS dont il était également le principal actionnaire a été soumise à des redressements fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de prétexte à confiscation de la plupart des actifs de la société.
Pour tenter de pallier un certain déficit d'information en langue française, je me propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme "le procès du siècle".

L'Observatrice



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Vladimir Pereverzine, libre et révolté.

Bonne Année 2012 !

15 décembre.

Khodorkovsky - LE FILM.

Vassili Alexanian, une interview inédite.

Vassili, le dernier adieu.

Vassili Alexanian est décédé

Le Figaro: Au dernier jour de son procès, Khodorko...

Point final dans l'Affaire Alexanian

Le Figaro: Plus de procès pour un ancien de Ioukos



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L'affaire Yukos sur Internet


Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky
Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky (en anglais et en russe)

Centre de presse de Platon Lebedev
Centre de presse de Platon Lebedev en anglais et en russe

SOVEST - Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky
Groupe "SOVEST" ("Conscience" en russe) : Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky (en français)

The Mikhail Khodorkovsky Society
The Mikhail Khodorkovsky Society (blog anglophone)

Yukos Shareholders Coalition
Coalition des actionnaires de Yukos pour poursuivre en justice le gouvernement russe (anglais)

Dossier du journal Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos
Dossier du journal d'opposition Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos (en russe)

Fond Mission libérale
Excellent site du Fond "Mission libérale" (en russe). Sur l'affaire Yukos et, beaucoup plus largement, sur le libéralisme en Russie

Bibliographie


Je vous propose une sélection de documents en français, anglais ou russe


Sur le procès et l'affaire Yukos

Patrick Klugman : En défense de Mikhail Khodorkovski

André Gluksmann : Mikhail Khodorkovski prisonnier de la verticale du pouvoir

Film BBC "Russian Godfathers 2: The Prisoner" (Youtube, en 6 parties)

Rapport d'experts étrangers sur le déroulement du procès (eng, .pdf, 81 KB)

Analyse des accusations par les avocats de la défense (eng, .pdf, 153 KB)

Sur Mikhail Khodorkovsky

"Le roi du pétrôle piégé par ses ambitions", Hélène Depic-Popovic, Libération, 27.10.2003

"La mutation d'un oligarque", Nathalie Nougayrède, Le Monde, 21.11.2003

"A falling Tsar", Chrystia Freeland, The Financial Times, 01.11. 03 (eng)

"Yukos, a Case Study" by Konstantin Korotov, Stanislav Shekshnia, Elizabeth Florent-Treacy and Manfred Kets de Vries, (eng, .pdf, 589 KB)

L'affaire Yukos dans :


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