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19.12.05

Le Point: Un milliardaire au GOuLAG

Mikhaïl Khodorkovski, naguère encore patron du géant pétrolier Ioukos, est condamné à huit ans de détention. Son crime : avoir voulu faire de l'ombre au Kremlin. Reportage dans son bagne sibérien.

De nos envoyés spéciaux Marc Nexon et Madeleine Vatel

Le prisonnier hésite à quitter les lieux. Il allume une cigarette et regarde une dernière fois les baraquements. Il se dirige vers la sortie et franchit enfin la barrière. Là, quatre amis l'attendent. Il les embrasse. Des rires fusent. Ce matin, à 10 heures, la prison sibérienne de Krasnokamensk libère l'un de ses détenus. La température oscille entre - 5 °C et - 10 °C. Le soleil resplendit dans l'air glacé. Au bout du chemin, la steppe dorée s'étend sur des centaines de kilomètres.

A la vue d'inconnus, l'homme tout juste libéré se raidit. Il ne veut rien dire. Il se moque de Mikhaïl Khodorkovski, le prisonnier le plus célèbre de Russie, incarcéré depuis un mois et demi. « On n'a pas besoin de lui », grogne-t-il. Puis l'individu et sa bande disparaissent dans une voiture noire.

C'est pourtant ici, aux confins de la Sibérie orientale, à 60 kilomètres de la Mandchourie chinoise, que Moscou a choisi de transférer l'ex-patron du géant pétrolier Ioukos. L'ancien magnat, 42 ans, jadis l'homme le plus riche du pays, y purge une peine de huit ans d'emprisonnement. Son crime ? Une série d'escroqueries fiscales. Mais surtout une ambition. Celle de s'être lancé dans la politique en finançant des partis d'opposition. Inacceptable aux yeux de Vladimir Poutine.

Après l'avoir cantonné deux ans dans une prison de Moscou, le chef du Kremlin a donc ordonné l'éloignement de l'opposant politique. A 5 000 kilomètres à l'est de Moscou. Au mépris d'une loi russe en vertu de laquelle toute condamnation prend effet sur le lieu du procès. Destination : les anciennes terres du goulag. Celles des dissidents politiques au temps de l'Empire soviétique. A la frontière de l'oubli. A l'endroit aussi où le tsar déporta en 1825 plusieurs dizaines de réformateurs libéraux.

Le 10 octobre, Khodorkovski monte à bord d'un wagon privé de fenêtre et relié au train transsibérien. Il voyage ainsi cinq jours et cinq nuits. « Où m'emmenez-vous ? » demande-t-il à ses gardiens. Mais ceux-ci se taisent. « Dans une gare, il a entendu un haut-parleur annoncer Tchita, une ville de Sibérie. Il a alors compris », raconte Maxim Dbar, un membre de l'équipe de ses avocats. De son trajet, l'ancien milliardaire n'a rien vu. Ou presque. Ni les forêts de sapins, ni les isbas aux volets bleus, ni les dunes des steppes, ni les rivières gelées dévalées par les luges des gamins. Ni enfin le but ultime : Krasnokamensk. Une ville de 70 000 habitants adossée à une mine d'uranium et fermée au visiteur jusqu'au début des années 90. Une concentration d'immeubles gris de quatre étages bordés d'allées de peupliers. Un lieu soumis à des températures hivernales de - 40 °C et des vents de 100 kilomètres/heure.

C'est là que se dresse la prison IAG 14/10, forte d'un millier de détenus. Pas vraiment une forteresse ! Plutôt un camp bringuebalant composé de plusieurs bâtiments et encombré de ferrailles rouillées. Une vieille palissade blanche ceinture le site surmonté de deux miradors verts. De tous les lieux de détention de la région, celui-ci a la réputation d'offrir un relatif confort : un chauffage suffisant, des douches collectives organisées le samedi et deux heures de télévision quotidienne.

Khodorkovski y occupe le bâtiment numéro 8. Comme tout nouvel arrivant. Un dortoir de costauds. Ici s'entassent les « durs » : près de 150 récidivistes et meurtriers, parfois condamnés à vingt ans de prison. On les appelle les « blatniye ». Ce sont les « grands frères » de la prison. Ils définissent les règles de fonctionnement entre détenus et veillent à leur respect. Ils règnent sur une armée d'esclaves, appelés « opushchenniye », chargés du nettoyage des ordures, de la satisfaction des besoins sexuels et de l'approvisionnement en cigarettes. A la tête de l'ensemble, un « roi », logé dans le bâtiment numéro 4, le prisonnier le plus puissant. Capable d'ordonner l'exécution de l'un des leurs. Comme il y a cinq ans, lorsqu'un détenu a prévenu les gardiens de la présence de réserves d'alcool cachées dans des préservatifs. Le « traître » a été battu à mort.

« L'Intelligent. »
Khodorkovski est installé au second étage du baraquement sur la couchette inférieure d'une rangée de lits superposés. Aussitôt, les prisonniers l'ont surnommé «l'Intelligent» et l'ont rangé dans la catégorie des «moujiks», celle des hommes «dignes». Le début de son séjour s'est bien déroulé. «Ça lui plaît de pouvoir sortir du bâtiment et de marcher à l'air libre, dit Natalia Terekhova, son avocate locale. On lui a aussi acheté une montre-réveil.» Enfin, Inna, sa femme, a partagé trois jours avec lui dans une chambre mise à sa disposition, conformément aux visites réservées aux proches. Inna a apporté 5 kilos de pommes de terre et lui a mitonné des frites, son plat favori. Khodorkovski a revêtu un complet veston prêté par un codétenu. «Je l'ai vu juste après, il avait vraiment bon moral. Il avait lu des lettres de ses enfants», raconte Sergueï Taratoukhine, le prêtre orthodoxe de la ville. Le pope, un ancien dissident politique emprisonné sous le régime soviétique, garde un souvenir ému de sa rencontre avec Khodorkovski. «Nous nous sommes serrés dans les bras. Je lui ai dit que j'avais refusé de bénir la prison parce qu'un prisonnier politique s'y trouvait. Il m'a remercié et m'a répondu que cela ferait peut-être réfléchir les autorités.»

De fait, elles ont réfléchi. Et donné un tour de vis. La raison ? Des photos de Khodorkovski prises par des détenus et vendues à l'extérieur. Moscou a tempêté. Depuis, les services secrets russes quadrillent la ville et imposent le silence. Rien ne doit transpirer de la prison. «Méfiez-vous si je perds mon boulot à cause de vous !» menace un gardien de prison en refermant la porte de son appartement au nez de ses visiteurs. «Mais vous le connaissez, vous, ce Khodorkovski ?», s'enquiert Irina, une habitante, troublée par tant d'agitation.

Une certitude : derrière les murs du pénitencier l'ambiance se gâte. «L'administration renforce les contrôles et les avantages disparaissent», explique Igor, un ancien détenu. Fouilles au corps, confiscation des portables, inspection des pots de nourriture destinés à planquer la drogue. «Les prisonniers en ont marre», prévient-il. Plus gênant, leur méfiance grandit. Ils jugent Khodorkovski trop proche de la direction du camp. «Le prisonnier Khodorkovski est demandé au bureau», hurlent régulièrement les haut-parleurs dans la cour. De quoi nourrir des soupçons. Ses codétenus le surprennent aussi souvent en grande discussion avec le gardien du baraquement, un communiste convaincu, fier de débattre avec une personnalité. Et ils n'aiment pas ça. Trop de connivences...

D'autant que l'ancien roi du pétrole garde ses distances avec les prisonniers. «Il vouvoie tout le monde», dit Igor, l'ancien détenu. «Il parle peu et il écrit beaucoup à sa table, avec une sorte de code chiffré afin de ne pas être relu», raconte Vladimir, un fournisseur de la prison. «Il aura du mal à rester isolé. S'il ne veut pas de problèmes, il devra donner une partie de son salaire ou des petits cadeaux aux blatniye», poursuit Igor.

Entre 9 et 17 heures, Khodorkovski s'adonne à la couture. L'une des rares activités de la prison avec le travail des métaux, l'élevage de cochons et l'entretien du jardin potager. Un privilège ! Car 80 à 90 % des prisonniers restent sans occupation et passent la journée dans leur dortoir. Pour 500 roubles par mois (15 euros), Khodorkovski coud donc des rideaux, des uniformes ou des moufles. «L'autre jour, il s'est blessé au pouce avec la machine, raconte Katia, une ancienne de l'atelier, on a fait venir quelqu'un de la ville pour lui apprendre la technique.»

Pour l'heure, l'intéressé s'en amuse. «J'avais de nombreuses spécialités. En voilà une de plus !» a-t-il confié en riant à sa femme. Il a bien proposé d'enseigner les mathématiques ou les sciences à la centaine de prisonniers inscrits à l'école du pénitencier. En vain. L'administration a opposé un niet.

N'y tenant plus, Khodorkovski a tout de même trouvé le moyen de se rendre dans une salle de classe. Un jour, il a demandé à se rendre à l'hôpital, à deux pas de l'école. Il a ensuite fait faux bond à son gardien et abordé un enseignant. «Je peux vous acheter tout ce dont vous avez besoin. Des ordinateurs, des livres scolaires et des cartes de géographie», lui a-t-il glissé. Le professeur n'en est pas revenu. Mais l'administration a refusé.


Aucun médicament. Il y a en pourtant un dont les dollars défilent dans les yeux : le maire de Krasnokamensk. «Ici on a besoin de construire des logements, souligne Vadim Moullagaliev, l'adjoint de la mairie ; alors si Khodorkovski nous propose son argent, on le prend.»

En attendant, l'ancien oligarque consacre le sien à améliorer son ordinaire. Il vient ainsi de s'abonner à une cinquantaine de revues dont l'une consacrée à l'aménagement intérieur de la maison ! Il a aussi commandé deux valises d'ouvrages sur la philosophie et l'histoire de la Russie. De quoi l'aider à rédiger une thèse sur «L'expansion chinoise à l'est de la Russie». Mais aussi à bâtir un programme de modernisation du pays d'ici à 2020. «Le combat commence !» dit-il à ses avocats. Il prévoit enfin de relire «Guerre et Paix», de Tolstoï.

Il a le temps... et la santé. Si du moins les conditions de détention ne se dégradent pas. Car deux risques existent. D'abord la tuberculose, dont souffrent plusieurs dizaines de prisonniers. «Il n'y a pas de médicaments et le médecin ne vient qu'une fois par an, précise Igor, l'ancien détenu. Mais il a une chance, la maladie touche surtout les gens au rez-de-chaussée. Khodorkovski est à l'étage.»

Autre menace : la radioactivité engendrée par la proximité de la mine d'uranium. «Son taux est inférieur à celui d'autres villes russes», assure Nicolaï Podprigorin, un médecin de la ville, chargé de la défense sanitaire. «Le vent chasse les poussières radioactives vers la Chine», lance même un entrepreneur local.

Possible. Mais la crainte demeure. Autrefois, le minerai transporté par camion tombait des bennes et se déposait partout. Il entrerait même dans la composition des murs de plusieurs maisons ! «Une voisine en avait dans sa cave, raconte Natacha, une commerçante d'Oktiabraski, un village situé à moins de 500 mètres du site d'exploitation. Les experts lui ont simplement conseillé de jeter les pierres.» Autre constat : «Les gens attrapent des cancers dès qu'ils quittent la région», poursuit Natacha. Autant de signes inquiétants aux yeux des avocats de Khodorkovski. «Le pouvoir veut éliminer physiquement notre client», mettent-ils en garde.

Dans la banlieue de Moscou, une femme s'inquiète aussi pour la santé du prisonnier : Marina Khodorkovski, sa mère. «Le voyage est long, mais je compte aller le voir en janvier et je prendrai un détecteur de radioactivité, dit la dame aux cheveux gris en offrant des chocolats à ses visiteurs. C'est affreux...» Elle ajoute dans un souffle : «Il restera là-bas tant que ce gouvernement sera au pouvoir.»

- - - - - - - - - - - -
La fin des oligarques
«Vous faites des affaires, moi de la politique.» Cette mise en garde adressée aux oligarques à son arrivée au Kremlin, Poutine n'a pas eu besoin de la formuler deux fois. L'arrestation, voilà deux ans, de Mikhaïl Khodorkovski, l'ancien roi du pétrole, tenté par la politique, a glacé les hommes d'affaires russes. Tous ont vu la façon dont le pouvoir a mis la main sur Ioukos, l'ex-empire de Khodorkovski démantelé au cours d'une mise aux enchères truquée, au profit de la compagnie d'Etat Rosneft. Tous ont alors craint pour leur immense fortune bâtie à la faveur de la grande braderie des privatisations d'Eltsine au milieu des années 90.

Et chacun est rentré dans le rang. A commencer par Roman Abramovitch, 39 ans, propriétaire du club de football de Chelsea. L'homme, installé à Londres, comble même Poutine, soucieux de renationaliser les industries stratégiques du pays. Il a cédé le mois dernier sa participation dans Sibneft, la cinquième compagnie pétrolière russe. L'acheteur ? Gazprom, le géant public de l'énergie. Au passage, l'intéressé et son holding empochent tout de même 13,1 milliards d'euros... le prix de la soumission.

Même allégeance de la part des autres figures du capitalisme russe. Oleg Deripaska, le roi de l'aluminium, Vladimir Potanine, l'homme fort du nickel, mais aussi le financier Mikhaïl Fridman se gardent bien de critiquer la politique présidentielle. Poutine sait d'ailleurs les remercier. Il leur distribue des postes de gouverneur. Viktor Vekselberg, magnat du pétrole et 3e fortune du pays, a ainsi été proposé à celui du Kamtchatka.

Reste une question : à quoi ressemble la nouvelle nomenklatura apparue sous le régime de Poutine ? Eh bien, elle puise ses candidats au sein même de l'administration présidentielle. Meilleur exemple : Dmitri Medvedev, promu il y a deux semaines vice-Premier ministre. L'homme, présenté comme un dauphin de Poutine, est aussi le président de Gazprom. Même constat pour Igor Sechin. Le chef du cabinet du Kremlin pilote la compagnie pétrolière Rosneft. Deux proches qui pourraient aider Poutine à rebondir dans les affaires si celui-ci renonçait à se représenter en 2008, comme il s'y est engagé M. N.

Le Point, 8.12.2005
18.12.05

Signez notre pétition!

Le groupe SOVEST a lancé une campagne internationale de signatures en faveur du transfert de Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev dans une colonie pénitentiaire de la région de Moscou.
Il convient de souligner que la décision contre laquelle proteste le groupe SOVEST est ILLEGALE et ARBITRAIRE.

ILLEGALE parce que le code de procédure pénale russe stipule de facon formelle que les détenus doivent purger leur peine dans la région ou ils ont été condamnés, ou bien dans celle où se trouve leur domicile principal (Moscou dans les deux cas).
ARBITRAIRE, parce que les 49 colonies pénitentiaires de la région de Moscou ne sont nullement surpeuplées, comme l'ont prétendu les fonctionnaires du Ministère de la Justice. D'après un recensement éffectué par un "Observatoire des prisons" indépendant en janvier 2005, leur taux de remplissage est "seulement" de 59,1.

Le non-respect de cette loi signifie en réalite l'extension des mesures de répression aux familles des condamnés et à leurs avocats.
Si vous en avez la possibilité, nous vous serions extrèmement reconnaissants de signer cette pétition et de la faire circuler, même si vous n'éprouvez pas de sympathie particulière pour les personnes concernées. Cette action n'est pas politique, mais uniquement orientée vers le respect de la législation russe.

La collecte de signature se fait à l'adresse signature@sovest.org. Nous demandons aux signataires de nous communiquer leurs noms, prénoms, ville et pays de résidence, et qualité.
D'avance merci.

Le Groupe SOVEST et l'Observatoire du Procès Khodorkovski


- - - - - - - texte de la pétition - - - - - - - -

A Monsieur Yuri Kalinine,
Directeur du Service Fédéral
d’Application des Peines.

Monsieur,

La décision du Tribunal municipal de Moscou en date du 22 septembre 2005 a rendu exécutoire la sentence de huit ans de camp de régime ordinaire prononcée contre Mikhail Khodorkovsky, ex-PDG de la compagnie pétrolière YuKOS et Platon Lebedev, ex-PDG du groupe financier MENATEP. Nous considérons ce verdict comme illégal et dénué de fondement et nous avons l’intention d’en obtenir la révision lors d’un procès équitable et impartial, et ce – par tous les moyens légaux dont nous disposons.

Cependant il ne nous paraît pas moins important de veiller à ce que soient respectés les droits de Mikhail Khodorkovsky et de Platon Lebedev durant toute la période de leur détention. Ce doit être, nous semble-t-il, notre souci commun. Tout citoyen, et en particulier un fonctionnaire de haut rang tel que vous, doit avoir à cœur que le système pénitentiaire ne soit pas une zone de non-droit où règne l’arbitraire, mais une structure de l’État digne de notre Constitution, où les principes de légalité et d’humanisme sont scrupuleusement respectés.

Or nous avons des doutes quant à la légalité du choix effectué en ce qui concerne le lieu de détention de Mikhaïl Khodorkovsky et Platon Lebedev.

Comme l’on sait, Platon Lebedev a été transféré dans la colonie pénitentiaire FGU IK-13 de la ville de Kharp (district autonome des Yamal-Nenets), située au-delà du cercle polaire. Or dans la « Liste des contre-indications médicales au maintien en détention dans certaines régions de la Fédération de Russie », fixée par l’Arrêté conjoint N°346/254 du Ministère de la Santé Publique et du Ministère de la Justice de la Fédération de Russie, il est écrit « Les contre-indications médicales au maintien en détention dans : […] le district autonome des Yamal-Nenets […] sont […] les maladies chroniques, récidivantes et en progression du système digestif (hépatite chronique active […]) »

Nous attirons votre attention sur le fait que Platon Lebedev souffre de plusieurs maladies chroniques, en particulier d’une hépatite B chronique sujette à récidives. Le diagnostic en a été plusieurs fois établi par d’éminents spécialistes et est abondamment documenté.

De plus, l’article 73 du Code d’application des peines de la Fédération de Russie stipule que les condamnés doivent purger leur peine soit dans l’entité géographico-administrative où est situé leur domicile, soit dans celle où ils ont été jugés. Cependant ni Lebedev, ni Khodorkovski n’ont été envoyés dans des colonies de Moscou où même du district de Moscou. (Mikhail Khodorkovski se trouve à présent dans la colonie pénitentiaire IK-10 de Krasnokamensk, dans la région de Chita, soit à plus de 6000 km de son domicile). Il nous paraît très peu vraisemblable qu’aucune place n’ait pu être trouvée pour eux dans aucune colonie plus proche de leur domicile.

Sur la base des faits et des textes de lois mentionnés ci-dessus, ainsi qu’en respect du plus élémentaire des droits de l’homme – le droit à la vie – nous vous demandons de prendre en compte l’état de santé de Platon Lebedev et d’examiner au plus vite la question de son transfert dans une colonie située dans une zone climatique plus favorable, par exemple à Moscou ou dans la région de Moscou.

Nous vous demandons également instamment de changer le lieu de détention de Mikhail Khodorkovski pour une colonie pénitentiaire de Moscou ou de la région de Moscou.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.

Le groupe SOVEST

JE SIGNE AUSSI!

Notre lettre a été signée par les personnalités suivantes:

Ludmila Alekseeva, Groupe Helsinki, Moscou
Evgenia Albats, journaliste, Moscou
Andreï Baboushkin, membre du Conseil Représentatif auprès du Ministère de la Justice, Moscou
Nikita Belykh, président du parti SPS (Union des Forces de Droite), Moscou
Evgeni Bounimovich, poète, membre du parti « Yabloko », Moscou
Grigori Djibladze, Centre pour le Développement de la Démocratie et des Droits de l’Homme, Moscou
Garri Kasparov, Comité 2008, Front Citoyen Uni
Alexey Kondaurov, député de l’Assemblée Nationale de la Fédération de Russie, Moscou
Sergeï Mitrokhin, parti « Yabloko », Moscou
Alexey Navalny, parti « Yabloko », Moscou
Boris Nadezhdin, parti SPS (Union des Forces de Droite), Moscou
Alexandre Nikitine, écologiste, Saint-Pétersbourg
Elena Panfilova, Transparency International, Moscou
Grigori Pasko, journaliste, Russie
Georgij Saratov, Fond INDEM, Moscou
Ivan Starikov, Parti Démocratique de Russie, Moscou
Irina Khakamada, parti « Notre Choix », Parti Démocratique de Russie, Moscou
Victor Shenderovich, écrivain, « Comité 2008 », Moscou
Alexey Yablokov, parti « Russie Verte », Moscou
Grigori Yavlinski, parti « Yabloko », Moscou
Igor Yakovenko, secrétaire général de l’Union des Journalistes de Russie, Moscou
Gleb Yakounin, prêtre, Moscou

Liste complète des signataires (en russe)
12.12.05

Le Figaro : Khodorkovski, symbole du fatalisme postsoviétique

Après avoir été le jeune "loup" des folles années Eltsine, Mikhaïl Khodorkovski purge une peine de neuf années de colonie pénitentiaire. Le livre "Le Prisonnier du silence" retrace le parcours de l'ex-homme "le plus riche de Russie".

Irina de Chikoff

LES APPARENCES sont souvent trompeuses. Valery Paniouchkine, 36 ans, semble avoir écrit un livre sur Mikhaïl Khodorkovski (1). En réalité, par-delà le visage de l'ancien PDG de la firme Youkos, le journaliste, Plume d'or en 2004 pour ses chroniques dans le quotidien Kommercant, contemple la Russie. "C'est un essai sur nous-mêmes, notre vie, comme elle s'est développée au cours des quinze dernières années, nos erreurs, nos malchances, notre destin."

Au commencement, Mikhaïl est un komsomol zélé, enthousiaste. Valery Panioukhine, lui, n'aimait pas du tout l'organisation des jeunesses communistes. Il s'interroge : comment un garçon aussi intelligent que Khodorkovski a-t-il pu croire à toutes ces âneries ? De sa prison, celui qui est devenu en moins d'une décennie l'homme le plus riche de Russie, lui répond : "J'étais un idiot."

Valery voyage en écrivant, à travers le temps, l'espace et repousse les murs de la cellule où Michaïl était enfermé avant sa condamnation à neuf années de colonie pénitentiaire. Une sorte de dialogue s'instaure entre eux. Valery questionne également les parents de Mikhaïl Khodorkovski, sa femme Inna, ses collaborateurs, ses amis et ceux qui l'ont abandonné ou trahi. Comprendre. Valery Paniouchkine tente de percer un mystère. Pourquoi le "loup" des folles années du règne de Boris Eltsine est-il devenu le "prisonnier du silence" ? Pourquoi, lorsque les premières poursuites judiciaires ont commencé, n'a-t-il pas pris la fuite, comme d'autres oligarques ?

"Je n'ai pas trouvé la réponse, reconnaît Valery, j'avance quelques hypothèses. Jusqu'en 1999, le personnage de Khodorkovski ne m'inspire pas de sympathie. Mais l'homme à partir de cette année, qui coïncide avec l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine, change. Il prend conscience que la vie ne consiste pas seulement à entasser des millions. Il cherche un sens. En Russie, nous n'avons jamais cessé d'interpeller Dieu ou le destin."

Lorsque des étrangers arrivent en Russie, ils s'émerveillent. Le boom immobilier, le taux de croissance, les lumières clinquantes de Moscou, le dynamisme des milieux d'affaires, le tourbillon des nuits les fascinent. Valery revient d'une petite ville près de Perm, en Sibérie, où le toit d'une piscine s'est effondré, provoquant la mort de plusieurs enfants. "Les parents sont en deuil. Mais ils ne songent pas à réclamer des comptes aux autorités locales. Ils conçoivent le drame comme un mauvais coup du sort. Un orage ou un séisme. Ils ne vivent pas au XXIe siècle en Europe. Ils sont totalement prisonniers d'une vision fataliste de l'existence. Et, cette vision, que tous les Russes de façon plus ou moins intense partagent, est leur prison. Pour moi, Khodorkovski, malgré sa fortune, son modernisme, son adhésion aux valeurs occidentales, a été lui aussi victime de ce fatalisme : arrivera ce qui doit arriver. Il est peut-être resté en Russie pour que son destin s'accomplisse."

Méditation sur la Russie

Ecrit en trois mois, Le Prisonnier du silence est une méditation sur les Russes et leur soumission au fatum. C'est également un retour sur la démocratisation de la société dans les années 1990 et l'inexorable ressac depuis l'an 2000. "En apparence, dit Valery, nous vivons mieux, beaucoup mieux qu'au temps où il fallait faire la queue, pendant des heures, pour acheter éventuellement un saucisson, en réalité tout va de mal en pis. Le pouvoir a mis au pas la presse, le Parlement, les Régions, les oligarques. Un jour, quand il sera trop tard, nous prendrons conscience que nous avons été des imbéciles de croire que la "verticale du pouvoir" n'était qu'une remise en ordre qui ne nous concernait pas. Qu'elle ne nous toucherait jamais. Qu'elle ne s'abat que sur des hommes comme Mikhaïl Khodorkovski."

(1) Mikhaïl Khodorkovski. Le Prisonnier du silence. Edition : Secret de firme. Le livre n'existe pour l'heure qu'en langue russe.

Le Figaro, 12.12.2005

Pourquoi l'Observatoire?


L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.



M. Khodorkovsky durant son procès


Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine. La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections.
Parallèlement, la compagnie YUKOS dont il était également le principal actionnaire a été soumise à des redressements fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de prétexte à confiscation de la plupart des actifs de la société.
Pour tenter de pallier un certain déficit d'information en langue française, je me propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme "le procès du siècle".

L'Observatrice



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Vladimir Pereverzine, libre et révolté.

Bonne Année 2012 !

15 décembre.

Khodorkovsky - LE FILM.

Vassili Alexanian, une interview inédite.

Vassili, le dernier adieu.

Vassili Alexanian est décédé

Le Figaro: Au dernier jour de son procès, Khodorko...

Point final dans l'Affaire Alexanian

Le Figaro: Plus de procès pour un ancien de Ioukos



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L'affaire Yukos sur Internet


Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky
Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky (en anglais et en russe)

Centre de presse de Platon Lebedev
Centre de presse de Platon Lebedev en anglais et en russe

SOVEST - Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky
Groupe "SOVEST" ("Conscience" en russe) : Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky (en français)

The Mikhail Khodorkovsky Society
The Mikhail Khodorkovsky Society (blog anglophone)

Yukos Shareholders Coalition
Coalition des actionnaires de Yukos pour poursuivre en justice le gouvernement russe (anglais)

Dossier du journal Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos
Dossier du journal d'opposition Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos (en russe)

Fond Mission libérale
Excellent site du Fond "Mission libérale" (en russe). Sur l'affaire Yukos et, beaucoup plus largement, sur le libéralisme en Russie

Bibliographie


Je vous propose une sélection de documents en français, anglais ou russe


Sur le procès et l'affaire Yukos

Patrick Klugman : En défense de Mikhail Khodorkovski

André Gluksmann : Mikhail Khodorkovski prisonnier de la verticale du pouvoir

Film BBC "Russian Godfathers 2: The Prisoner" (Youtube, en 6 parties)

Rapport d'experts étrangers sur le déroulement du procès (eng, .pdf, 81 KB)

Analyse des accusations par les avocats de la défense (eng, .pdf, 153 KB)

Sur Mikhail Khodorkovsky

"Le roi du pétrôle piégé par ses ambitions", Hélène Depic-Popovic, Libération, 27.10.2003

"La mutation d'un oligarque", Nathalie Nougayrède, Le Monde, 21.11.2003

"A falling Tsar", Chrystia Freeland, The Financial Times, 01.11. 03 (eng)

"Yukos, a Case Study" by Konstantin Korotov, Stanislav Shekshnia, Elizabeth Florent-Treacy and Manfred Kets de Vries, (eng, .pdf, 589 KB)

L'affaire Yukos dans :


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