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30.3.06

Libération: Ces banques étrangères qui achèvent Ioukos

La Société Générale a mené l'assaut final contre le pétrolier en faillite, pour le compte de l'Etat russe.

par Lorraine MILLOT

Cette fois ce sont les banques étrangères, à commencer par la Société Générale, qui jouent le rôle de fossoyeur de ce qui reste de Ioukos. L'ancien groupe pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski, poursuivi pour avoir osé tenir tête à Poutine, a été placé mardi en redressement judiciaire jusqu'au 27 juin, date à laquelle son dépôt de bilan pourrait être prononcé. D'ici là, Ioukos sera géré par un administrateur extérieur, nommé par le tribunal, Edouard Rebgoun, présenté par la presse russe comme «lié aux forces de l'ordre». Mais, détail piquant, la faillite a été demandée par un consortium de banques occidentales, mené par la Société Générale (avec notamment la Deutsche Bank, Citigroup, BNP Paribas, ING et la Commerzbank), agissant pour le compte de l'Etat russe. Mieux : ces banques ont déposé à Moscou la demande de mise en faillite le 10 mars, alors qu'en décembre 2005, elles avaient déjà convenu de revendre leur créance à Rosneft, l'entreprise d'Etat du pétrole russe qui s'est déjà emparé du principal actif de Ioukos, Iouganskneftegaz. En 2003, ce consortium mené par la Société Générale avait prêté un milliard de dollars à Ioukos, créance dont il reste aujourd'hui 482 millions de dollars à rembourser, presque des cacahouètes vu les autres dettes de Ioukos (au total, Ioukos dit avoir été assommé par 33 milliards de dollars d'arriérés d'impôts soudain réclamés par l'Etat, et dont 21 milliards auraient entre-temps été payés).

Piraterie.
«Les banques voulaient récupérer leurs créances et Rosneft leur a donné une possibilité de le faire, explique Evgueni Satskov, analyste de la compagnie d'investissement Metropol. Rosneft a d'abord commencé par contester les droits des banques, qui avaient fait garantir leur crédit par le pétrole de Iouganskneftegaz (repris par Rosneft en décembre 2004, ndlr). Puis Rosneft leur a proposé de racheter cette créance à condition que ce soit elles qui déclenchent la procédure de faillite de Ioukos.» Toujours soucieuses des apparences, les autorités russes, qui ont déporté Mikhaïl Khodorkovski au fin fond de la Sibérie et entamé le dépeçage de son empire, ont eu la géniale idée d'associer les banques étrangères à cette piraterie d'Etat. Et celles-ci, alléchées par les formidables perspectives de développement du marché russe, se sont laissées convaincre. La Société Générale développe à grande allure tout un réseau de filiales en Russie. De plus, Rosneft aurait fait miroiter de juteuses commissions lors de sa prochaine entrée en Bourse, annoncée pour juillet et comme la plus grande de l'histoire de la Russie. «Les banques ont agi sur l'ordre de Rosneft, dénonce Tim Osborne, représentant des anciens actionnaires de Ioukos. Rosneft leur a donné des garanties de récupérer leur argent mais aussi de participer à son introduction en Bourse.»

Riposte.
Pour Ioukos, ce coup de ses créanciers étrangers est d'autant plus traître que le groupe avait encore l'espoir de vendre pour au moins un milliard de dollars sa part dans la raffinerie lituanienne Mazeikiu Nafta, afin de rembourser une partie de ses dettes et d'échapper à la faillite. Désormais, il ne reste plus guère aux anciens actionnaires de Ioukos, et notamment aux partenaires de Khodorkovski qui risquent d'être les plus lésés en cas de faillite, que le recours devant des tribunaux étrangers pour faire valoir comment leurs actifs ont été expropriés ou dévalorisés. Mais l'Etat russe pourra riposter que la mise en faillite de Ioukos a été demandée... par les banques étrangères.
28.3.06

AFP - Nouvelle épreuve pour Ioukos, placé en redressement judiciaire

Le tribunal d'arbitrage de Moscou a prononcé mardi la mise en redressement judiciaire de l'ancien géant du pétrole russe Ioukos, déjà au bord du gouffre après une série de procès pour fraude fiscale.

"Le tribunal reconnaît que les exigences de Rosneft (créancier russe) sont fondées et décide de nommer un administrateur extérieur" auprès de Ioukos, a déclaré le juge Pavel Markov dès le premier jour d'examen de la demande de mise en faillite.

Le tribunal se réunira à nouveau le 27 juin pour entendre les conclusions de l'administrateur, Edouard Rebgoun, qui travaille auprès de la Chambre russe de commerce.

Le redressement judiciaire va permettre au groupe de poursuivre son activité, sous la tutelle du tribunal et de l'administrateur. L'étape suivante est le dépôt de bilan si l'entreprise n'est pas en mesure de redresser son activité économique et financière.

Le tribunal d'arbitrage a rejeté toutes les requêtes de Ioukos, qui demandait une suspension d'audience pendant 14 jours et le transfert du dossier devant une cour de Nefteïougansk (Sibérie), où il affirme être enregistré.

La requête de mise en faillite avait été déposée par un consortium bancaire occidental, mené par le groupe français Société Générale, qui demandait le remboursement de 482 millions de dollars.

Le consortium a toutefois vendu dans l'intervalle sa créance à la compagnie pétrolière russe publique Rosneft, que le tribunal d'arbitrage a reconnu comme la nouvelle partie créancière dans la procédure.

"Cette dette a été achetée par Rosneft pour provoquer la faillite d'un concurrent sur le marché pétrolier", a affirmé un des avocats de Ioukos, Drew Holiner, devant la cour.

"Le montant des avoirs de Ioukos qui ont été gelés représente 314 milliards de roubles", soit 11 milliards de dollars, donc largement plus que le montant de cette dette, a poursuivi l'avocat, en s'étonnant que les créanciers ne "se soient pas préoccupés d'en demander le déblocage".

Tim Osborne, directeur exécutif de GML (ex-Menatep), principal actionnaire de Ioukos, a déjà accusé clairement le groupe public et le gouvernement russe de vouloir la fin de Ioukos.

"Le gouvernement ne veut pas que Ioukos survive", a-t-il dit à l'AFP quelques jours avant l'audience en relevant que Moscou avait bloqué à plusieurs reprises la vente par Ioukos de ses parts dans la raffinerie Mazeikiu Nafta en Lituanie.

A Londres, la porte-parole de Ioukos, Claire Davidson, a aussi affirmé qu'en cédant leur créance, les "banques veulent se faire bien voir du gouvernement russe" pour l'introduction en Bourse de Rosneft, prévue en juillet. La compagnie pourrait lever entre 15 et 20 milliards de dollars, une somme record pour une compagnie russe.

Outre Société Générale Corporate and Investment Banking (SG CIB), BNP Paribas, Citigroup, l'allemand Commerzbank et le néerlandais ING sont notamment parties prenantes pour le recouvrement de cette créance.

Rosneft, qui a déclaré être en quête de nouveaux actifs, serait particulièrement intéressé par les filiales encore sous le contrôle de Ioukos, selon la presse russe.

Ioukos, cible d'une campagne judiciaire sans précédent largement considérée comme inspirée par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers, s'est déjà vu réclamer plus de 27 milliards de dollars d'arriérés d'impôts.

Pour éponger une partie de ces dettes, la justice russe a déjà vendu Iougansknefgaz, principale filiale de production de Ioukos, aux enchères en décembre 2004 pour quelque 9 milliards de dollars à une société inconnue, elle-même peu après acquise par Rosneft.

L'ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski purge une peine de huit ans de prison dans un camp de Sibérie, après sa condamnation en 2005 pour fraude et évasion fiscale.

AFP via La Croix.
23.3.06

Russie: Rosneft veut doubler sa production pétrolière d'ici 2015

La compagnie pétrolière publique russe Rosneft veut doubler sa production à 2,9 millions de barils par jour (mbj) d'ici à 2015, a déclaré jeudi son président Sergueï Bogdantchikov.

Rosneft entend faire passer sa production de 1,5 mbj en 2005 à 2 mbj en 2010 et 2,9 mbj en 2015, a précisé M. Bogdantchikov lors d'une conférence de presse à Moscou.

"L'acquisition de nouveaux actifs (sociétés ou licences de production) constitue notre orientation stratégique", a-t-il noté.

Il s'est refusé toutefois à préciser s'il visait particulièrement les actifs encore disponibles de l'ancien numéro un russe du secteur Ioukos, en voie de démantèlement à la suite d'une vaste procédure judiciaire pour escroquerie et fraude fiscale.

Le groupe table sur une progression de sa production de 7% en moyenne par an, sur les dix prochaines années, tout en maintenant ses coûts à leur niveau actuel, a indiqué M. Bogdantchikov.

Le groupe compte également maintenir son niveau actuel d'investissement à quelque 3 milliards de dollars par an, a-t-il ajouté.

Concernant l'introduction en Bourse de Rosneft, envisagée en juillet à Moscou et Londres, "nous suivons le calendrier", a souligné le président, en rappelant que ce calendrier relevait désormais de son actionnaire, l'Etat russe.

Le bénéfice net de Rosneft devrait atteindre 3,986 milliards de dollars en 2005, selon des résultats financiers encore provisoires transmis à la presse par le directeur financier du groupe Anatoli Baranovski.

Ce bénéfice représente une progression de 374% par rapport au bénéfice net de 840 millions de dollars dégagé en 2004 par le groupe qui devrait faire son entrée en Bourse cette année.

Le chiffre d'affaires du groupe pour 2005, calculé, comme le bénéfice, selon les normes comptables américaines (US GAAP), atteint 23,957 milliards de dollars, en progression de 354% sur un an, a indiqué le responsable.

Le directeur financier a précisé que la dette nette du groupe se montait au premier janvier dernier à 10,968 milliards de dollars.

Rosneft n'a pas encore publié officiellement ses comptes pour l'ensemble de 2005.

Le pétrolier, auparavant une petite compagnie publique, est devenu le troisième producteur russe de pétrole après l'acquisition controversée en décembre 2004 de Iouganskneftegaz, la principale filiale de production du groupe Ioukos.

Mercredi, M. Bogdantchikov avait indiqué que "le calendrier préparé par la direction et transmis pour confirmation (à l'Etat russe) prévoit une introduction en Bourse en juillet".

Le responsable a désigné Londres et Moscou comme "les places boursières les plus probables" pour l'introduction en Bourse du groupe. Il n'a pas mentionné Tokyo qui avait été évoqué précédemment mais a précisé que cette question serait décidée définitivement par le conseil d'administration.

M. Bogdantchikov a confirmé que le projet de céder séparément une part du capital à des investisseurs stratégiques avait été abandonnée mais a précisé que des compagnies pétrolières étrangères pourraient librement acquérir des actions du groupe lors de son introduction en Bourse.

Rosneft "aimerait avec plaisir voir des actionnaires chinois ou américains parmi ses actionnaires", a remarqué le responsable.

Rosneft, auparavant une petite compagnie publique, est devenu le troisième producteur russe de pétrole après l'acquisition controversée en décembre 2004 de Iouganskneftegaz, la principale filiale de production du groupe Ioukos.
21.3.06

Le Monde : La mobilisation des actionnaires de Ioukos menace les ambitions boursières de Rosneft

Le sort de Ioukos pourrait être réglé définitivement le 28 mars lors de l'examen, par un tribunal moscovite, de sa mise en faillite. Pour la holding GML, premier actionnaire (53 %) de la compagnie pétrolière fondée par l'ex-PDG, Mikhaïl Khodorkovsky, l'heure de vérité approche. "A l'évidence, le gouvernement russe veut la mort de Ioukos. Les banquiers ont agi sur des instructions venues de haut lieu. Nous n'allons pas nous laisser faire" : directeur de GML, Tim Osborne est déterminé à tout faire pour éviter l'issue fatale.

Le récent rachat à un consortium de banques créancières occidentales par le groupe d'hydrocarbures d'Etat Rosneft de la dette de 482 millions de dollars (396 millions d'euros) contractée par Ioukos complique toutefois la tâche de M. Osborne. Holding immatriculée à Gibraltar, GML contrôle les actifs qui ont échappé au dépeçage, orchestré par le Kremlin, de l'ancien numéro un russe des hydrocarbures. Il s'agit de deux sociétés opérationnelles russes produisant 650 000 barils de brut par jour, de participations dans la raffinerie Mazelkiu Nafta en Lituanie et dans un oléoduc slovaque, d'intérêts dans la distribution d'essence en Russie.

GML appartient à 70 % à Leonide Nevzline, réfugié en Israël, à qui Mikhaïl Khodorkovsky, a transféré ses actifs. Le reste est détenu par d'anciens associés du magnat déchu, qui purge une peine de huit ans pour fraude fiscale. Depuis Londres, l'Américain Steven Theede, arrivé à la tête de Ioukos à l'automne 2003, tente de mener un groupe "réduit aux acquêts" à travers la tourmente judiciaire et financière.

En prévision de la décision cruciale du tribunal, les autorités russes ont durci le ton. En décembre 2005, le fisc a exigé le versement de 3,5 milliards de dollars supplémentaires en arriérés d'impôts, ce qui porte à 31,5 milliards de dollars le redressement fiscal imposé par la justice russe. Grâce au prix élevé du pétrole et de la vente d'avoirs, Ioukos est parvenu à rembourser 21,6 milliards de dollars.

Pour s'acquitter de sa mission, M. Osborne privilégie les poursuites contre la Russie devant les tribunaux internationaux. GML réclame d'abord 28 milliards de dollars à la Fédération de Russie pour violation du traité de la Charte énergétique visant à protéger les investissements étrangers dans ce secteur dans les pays de l'ancien bloc de l'Est. A l'écouter, cette masse financière équivaut à la destruction de la valeur du groupe depuis l'arrestation de Khodorkovsky, en octobre 2003. La plainte a été déposée devant la Cour permanente d'arbitrage de La Haye.

Ensuite, M. Osborne réclame devant une juridiction londonienne le remboursement de 800 millions de dollars dans le cadre du prêt octroyé à Iouganskneftegaz, la filiale de Ioukos rachetée en décembre 2004 dans des conditions mystérieuses par Rosneft. Un "Branle-bas" juridique aussi pour les petits actionnaires américains détenteurs d'obligations Ioukos. "Le groupe Ioukos a été nationalisé dans le cadre de la plus grande spoliation de l'histoire financière. Les détenteurs de titres n'ont pas été dédomagés", souligne Tom Johnson, l'avocat représentant un groupe d'investisseurs lésés. La plainte déposée devant un tribunal de Washington vise nommément des dirigeants de l'industrie pétrolière et des membres du gouvernement russes.

Cette mobilisation inquiète la compagnie Rosneft, qui, en cas de banqueroute, espère que les restes de Ioukos tomberont dans son escarcelle. La troisième major russe veut accéder aux Bourses de Londres, Moscou et Tokyo avant la fin octobre. Ce pourrait être la plus importante introduction boursière jamais effectuée par un groupe russe. M. Osborne lance un avertissement aux investisseurs occidentaux : "Qu'ils prennent garde. Leur argent va nous permettre d'être remboursés." Dans la City, des sources digne de foi estiment que, face aux poursuites judiciaires en série, Rosneft devrait reporter son introduction au London Stock Exchange.

Marc Roche
Article paru dans l'édition du 21.03.06
18.3.06

RIA Novosti: Sept jours de cachot pour Khodorkovski

MOSCOU, 17 mars - RIA Novosti. L'ex-patron du géant pétrolier Yukos, Mikhaïl Khodorkovski, qui purge sa peine dans une prison de Sibérie orientale, s'est vu prescrire sept jours de cachot "pour avoir pris son repas dans un endroit inapproprié", a annoncé le centre de presse du prisonnier le plus riche de Russie.

"Le 15 mars à 21h00, après un entretien avec son avocate Karina Moskalenko, M. Khodorkovski a regagné son unité et a pris un thé avec un codétenu", précise le communiqué.

L'administration de la prison a exigé que les deux détenus présentent les explications écrites avant de les placer dans une cellule d'isolement.

"Il s'agit d'une violation révoltante des droits de l'homme", s'est insurgé l'avocat Guenrikh Padva, promettant de déposer une requête de contestation.

Le Service fédéral d'application des peines n'a pas encore commenté l'incident.

Condamné à huit ans de prison ferme pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle, l'ex-patron de Yukos, Mikhaïl Khodorkovski, purge sa peine à Krasnokamensk, en Sibérie occidentale.
___________
"Prescrire", c'est drôlement touchant comme formule. C'est pour son bien, sans doute, que Khodorkovsky a été envoyé au cachot. Pour lui éviter une indigestion.
17.3.06

Fin de "Russie Ouverte" et une semaine de cachot pour M. Khodorkovsky

Aujourd’hui, les comptes de l’ONG « Russie Ouverte», dont Mikhail Khodorkovsky est le président, ont été bloqués par la banque Trust sur la demande des huissiers, ce qui signifie pour l’ONG la paralysie immédiate et totale de ses activités. L’administratrice de l’ONG Irina Yassina a déclaré qu’il n’y avait que peu d’espoir que les comptes soient prochainement débloqués.

Par ailleurs, aujourd’hui Mikhail Khodorkovsky et l’un de ses co-détenus ont été envoyés au cachot pour une semaine, pour avoir été surpris à boire une tasse de thé hors de l’endroit prévu par le règlement.
Bien que le Tribunal Suprême de Russie ait accordé aux avocats de Mikhail Khodorkovsky le droit de rendre visite à leur client y compris durant les heures de travail des prisonniers, la direction de la colonie pénitentiaire de Krasnokamensk continue de leur interdire toute rencontre avant 18 heures. Aussi, pour avoir le temps de s’entretenir avec ses avocats, Khodorkovsky est obligé de sauter le repas du soir. Hier donc, après huit heures de travail en atelier et trois heures de travail avec ses avocats, le détenu Khodorkovsky est revenu dans son baraquement et s’est fait une tasse de thé pour remplacer son diner, invitant un de ses voisins de chambrée. Le gardien a aussitôt dressé un procés verbal et le lendemain, la commission disciplinaire du camp a condamné les deux contrevenants à une semaine de cachot.

On a appris également que le directeur de la colonie pénitentiaire, le trop peu docile Alexandre Evrastov, a été mis a pied et remplacé par l’un de ses anciens subordonnés. Ce dernier a visiblement souhaité marquer par ce coup d’éclat son entrée en fonction.

Hasard ou coïncidence – trois jours auparavant le premier quotidien du pays, la Komsomolskaya Pravda avait publié un long article reprenant les principaux points d’un texte écrit en octobre dernier par Mikhail Khodorkovsky. Dans ce texte, intitulé «Virage à gauche -2 » Khodorkovsky proposait un programme de développement de la Russie sur 12 ans. Les journalistes de la Komsomolskaya Pravda invitaient les ministres du gouvernement à s’inspirer de ce plan et terminaient par ces mots « le pouvoir a privé Mikhail Khodorkovsky de ses richesses et de sa liberté, mais pas de son bon sens ».

Il est dès lors permis de se demander si les brimades répétées et absurdes que les autorités du camp font subir au détenu Khodorkovsky n’ont pas pour but de lui ôter la dernière chose qui lui reste encore…

Usinenouvelle.com : Les derniers jours de Yukos

« Yukos est toujours une compagnie pétrolière importante, mais probablement plus pour longtemps », estime The Economist. Ecrasée sous les taxes et avec son patron dans un camp de travail en Sibérie, Yukos continuait de payer ses dettes à l’Etat – son action s’était même redressée –, quand une nouvelle amende est tombée sur la société, portant le redressement total à 31 milliards de dollars. Enfin, un groupe de banques occidentales, mené par la Société générale, a demandé la mise en faillite du pétrolier qui leur doit 482 millions de dollars. Sous la pression de Rossneft, les dirigeants du groupe qui sont restés en Russie se sont dressés contre les dirigeants qui essaient de gérer l’entreprise depuis Londres. La démarche des banques à ce moment précis n’est pas très catholique estime l’hebdomadaire qui rappelle que celles-ci ont tout intérêt à être dans les petits papiers du Kremlin et de Rosneft qui prévoit cette année une importante introduction en bourse. Lors de la réunion du G8 qui doit se tenir à Saint Petersbourg en juillet, Poutine pourra dire à ses invités que ce sont les banques étrangères qui ont enterré l’ancien géant du pétrole.

Daniel KRAJKA
15.3.06

Reuters: Ioukos annonce que Rosneft a racheté ses dettes bancaires

MOSCOU - Ioukos annonce qu'un groupe de banques occidentales auquel il devait 482 millions de dollars a vendu cette dette au groupe pétrolier russe public Rosneft le 13 décembre.

"Il semble, au vu des informations recueillies aujourd'hui par la compagnie pétrolière Ioukos, que l'accord entre les banques et Rosneft a été scellé le 13 décembre 2005", explique Ioukos dans un communiqué.

Les banques, emmenées par la Société générale, ont entamé le 10 mars une procédure devant un tribunal russe pour obtenir la mise en faillite de Ioukos.

Les analystes estiment que Rosneft devrait profiter de la faillite de Ioukos et reprendre les actifs russes de ce dernier, qui lui doit, selon lui, une dizaine de milliards de dollars.

Le fisc russe réclame une somme du même ordre au pétrolier.

Le Tribunal d'arbitrage de Moscou procèdera le 28 mars aux premières audiences de la procédure de faillite. L'annonce de cette dernière a fait chuter l'action Ioukos de 45% lundi mais elle a récupéré la moitié environ du terrain perdu ces deux derniers jours.

L'action est repartie à l'annonce du transfert de la dette bancaire, clôturant aujourd'hui en hausse de 32% à 36,6 roubles.

Le consortium de 14 banques comprend outre la Société générale, Deutsche Bank, Citigroup, ING, BNP Paribas et Commerzbank.

Elles réclamaient le solde d'un crédit d'un milliard de dollars accordé à Ioukos avant que ses ennuis ne commencent en 2003. Elles ont poursuivi le groupe russe auprès des tribunaux néerlandais pour tenter de se payer sur ses actifs à l'étranger.

Le principal actif en dehors de la Russie, où l'activité est gelée, est la raffinerie Mazeikiu Nafta en Lituanie. Des mois durant des compagnies pétrolières se sont confrontées pour racheter cet actif jusqu'à ce que le gouvernement lituanien annonce la semaine dernière qu'il exercerait son droit de racheter le contrôle à Ioukos.

Reuters via Libération
3.3.06

Le Monde : Le lac Baïkal sous la menace d'un oléoduc géant

Vladimir Poutine contre l'Unesco : le scénario est original. Et l'enjeu extraordinaire : la "perle de Sibérie", le lac Baïkal, dont tous ceux qui l'ont approché gardent un souvenir impérissable. Plus ancien lac du monde - il s'est formé voici 25 millions d'années -, cette petite mer intérieure, longue de 600 kilomètres sur 60 kilomètres de large, abrite dans ses eaux limpides plongeant jusqu'à 1 637 mètres une faune unique et remarquable.

Or, soutenue par le président russe, la compagnie d'Etat Transneft veut construire un oléoduc allant d'Irkoutsk, près du lac, jusqu'à Perevoznaya, près de Vladivostok, sur le Pacifique. Cet oléoduc serait le plus grand du monde : long de 4 200 kilomètres, il aurait une capacité de transport de 80 millions de tonnes de pétrole par an. Sa construction mobilisera 15 milliards d'euros. Le président russe a indiqué lors de son voyage en Iakoutie, le 6 janvier, que le projet serait lancé "l'été prochain". Il a également certifié que les formalités relatives à la première tranche prendront fin en avril. Un seul hic dans la volonté présidentielle : passant à 800 mètres du lac Baïkal, le projet d'oléoduc pourrait le polluer en cas de rupture ou d'accident.

Depuis que le tracé a été annoncé, les écologistes russes se mobilisent, avec d'autant plus d'écho que le lac est un emblème national : même sous le régime soviétique, dans les années 1950 et 1960, la protestation contre les projets qui le visaient avait pu s'exprimer assez librement. Elle trouve maintenant un écho international, puisque le lac Baïkal est inscrit depuis 1996 au nombre des sites du Patrimoine mondial gérés par l'Unesco.

En juillet 2005, le Comité du patrimoine mondial a pris position dans le dossier Transneft. Rappelant "la valeur universelle exceptionnelle" du lac, il a jugé que "tout développement d'oléoduc franchissant le bassin versant du lac Baïkal et de ses principaux affluents justifierait l'inscription du lac sur la liste du Patrimoine mondial en péril". Selon l'étude de l'Unesco, l'oléoduc traverse des zones sismiques sur 66 % de son parcours. Or le passé de Transneft en termes de sécurité ne plaide pas pour la compagnie : entre 1993 et 2001, dans la région d'Irkoutsk, "six pollutions majeures, impliquant un total de 42 000 tonnes de pétrole, ont été officiellement enregistrées".

Dans les années 1990, d'ailleurs, la pose d'un gazoduc entre Irkoutsk et une ville du sud du lac, Baïkalsk, avait été abandonnée, précisément en raison du risque sismique (Le Monde du 10 janvier 1995). Le 30 janvier, un oléoduc géré par une filiale de Transneft a, dans la république d'Oudmourtie, laissé échapper plus de 3 000 tonnes de pétrole.

Un groupe de 52 experts russes a étudié le dossier Transneft pour l'organisme étatique Rostekhnadzor (service fédéral pour la supervision écologique, technologique et atomique). Dans son rapport, rendu fin janvier, 43 des experts ont signé une déclaration concluant que l'oléoduc créerait "un danger potentiel important" pour le lac Baïkal.

LÉOPARDS D'EXTRÊME-ORIENT

Mais Transneft s'oppose au contournement du lac, qui renchérirait le coût du projet. "Si une décision négative était prise, a dit son vice-président, Sergeï Grigoriev à l'agence Interfax, nous sommes préparés à poursuivre Rostekhnadzor et prouver en justice que les objections sont illégitimes. Ceci est un projet de haute technologie, et les accidents sont impossibles." Le tube sera conçu pour résister à des séismes d'un degré 9 sur l'échelle de Richter, a-t-il déclaré à l'Agence France Presse. La compagnie est soutenue par Vladimir Poutine, qui a critiqué la lenteur de l'enquête. Et, le 22 février, dans une interview au journal Rossiiskaya Gazeta, le ministre de l'énergie, Victor Kristenko, a déclaré : "Je n'ai aucun élément me faisant dire que nous serons en retard sur le calendrier des travaux."

Le Rostekhnadzor devait publier un décret sur la base du rapport d'experts, mais il ne l'a fait que partiellement. Le 6 février, il a publié un avis concluant qu'un autre point litigieux du projet, son arrivée à Perevojnaia, près de Vladivostok, devait être modifié : l'endroit est en effet situé à 1 kilomètre de la réserve naturelle de Kedrovaia Pad, où subsistent, au nombre d'une trentaine, les derniers léopards d'Extrême-Orient. En revanche, il a repoussé d'un mois son avis sur le passage de l'oléoduc à proximité du lac.

L'Unesco vient appuyer les scientifiques et les écologistes russes. D'après la Convention du patrimoine mondial, signée par la Russie comme par 180 autres Etats, le Comité peut déclarer un site "en péril", ce qui prend à témoin l'opinion mondiale et peut avoir des conséquences touristiques : "Beaucoup de touristes utilisent la liste comme un guide, surtout les Chinois et les Japonais, assure Mechtild Rössler, du Centre du patrimoine mondial de l'Unesco. Si le Baïkal est à dix heures d'avion de l'Europe de l'Ouest, il est à trois heures du Japon." Et la responsable de préciser : "La position du Comité est claire. On ne peut pas faire passer un oléoduc à travers un site du Patrimoine mondial."

Hervé Kempf et Madeleine Vatel (à Moscou)

La question du tracé et de l'exploitation d'un nouvel oléoduc était l'un des points sur lesquels la compagnie Yukos et l'Etat russe s'opposaient violemment en 2003, et certains pensent même que ce conflit a pu être l'une des causes (parmi d'autres) de l'attaque de l'Etat contre la compagnie.
A l'époque, l'Etat, représenté par la compagnie Transneft, souhaitait diriger l'oléoduc vers Nakhodka en passant par le nord du Baïkal, zone présentant des risques sismiques et contenant la majorité des affluents du Baïkal, pour transporter le pétrôle vers le Japon. Khodorkovsky, lui, prônait un tracé contournant le sud du Baïkal - ce qui avait le désavantage de couper un bout de la Reserve Naturelle de Tunkisk - et en direction de la Chine. Le ministère de l'Ecologie russe avait bloqué les deux projets.
Le nouveau tracé de l'oléoduc est une combinaison, en nettement plus ambitieux, des deux projets de 2003, un chantier gigantesque qui deservirait, si j'ai bien compris, les deux directions (via une bifurcation), et permettrait de transporter une quantité de pétrôle triple de celle qui était prévue en 2003. Malheureusement les risques écologiques sont à la mesure du chantier - énormes.
Affaire à suivre

Pourquoi l'Observatoire?


L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.



M. Khodorkovsky durant son procès


Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine. La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections.
Parallèlement, la compagnie YUKOS dont il était également le principal actionnaire a été soumise à des redressements fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de prétexte à confiscation de la plupart des actifs de la société.
Pour tenter de pallier un certain déficit d'information en langue française, je me propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme "le procès du siècle".

L'Observatrice



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L'affaire Yukos sur Internet


Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky
Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky (en anglais et en russe)

Centre de presse de Platon Lebedev
Centre de presse de Platon Lebedev en anglais et en russe

SOVEST - Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky
Groupe "SOVEST" ("Conscience" en russe) : Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky (en français)

The Mikhail Khodorkovsky Society
The Mikhail Khodorkovsky Society (blog anglophone)

Yukos Shareholders Coalition
Coalition des actionnaires de Yukos pour poursuivre en justice le gouvernement russe (anglais)

Dossier du journal Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos
Dossier du journal d'opposition Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos (en russe)

Fond Mission libérale
Excellent site du Fond "Mission libérale" (en russe). Sur l'affaire Yukos et, beaucoup plus largement, sur le libéralisme en Russie

Bibliographie


Je vous propose une sélection de documents en français, anglais ou russe


Sur le procès et l'affaire Yukos

Patrick Klugman : En défense de Mikhail Khodorkovski

André Gluksmann : Mikhail Khodorkovski prisonnier de la verticale du pouvoir

Film BBC "Russian Godfathers 2: The Prisoner" (Youtube, en 6 parties)

Rapport d'experts étrangers sur le déroulement du procès (eng, .pdf, 81 KB)

Analyse des accusations par les avocats de la défense (eng, .pdf, 153 KB)

Sur Mikhail Khodorkovsky

"Le roi du pétrôle piégé par ses ambitions", Hélène Depic-Popovic, Libération, 27.10.2003

"La mutation d'un oligarque", Nathalie Nougayrède, Le Monde, 21.11.2003

"A falling Tsar", Chrystia Freeland, The Financial Times, 01.11. 03 (eng)

"Yukos, a Case Study" by Konstantin Korotov, Stanislav Shekshnia, Elizabeth Florent-Treacy and Manfred Kets de Vries, (eng, .pdf, 589 KB)

L'affaire Yukos dans :


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